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Elle s’appelait Micha : récit d’un avortement

Elle s’appelait Micha est mon second recueil de poésie, qui est le récit poétique d’un avortement. Normalement il y aurait dû y avoir un autre recueil avant, Pendulum, prévu de longue date. Mais l’inspiration du moment a fait que Micha est née plus vite que Pendulum.

97 poèmes en vers libres, dont le plus court fait deux vers et le plus long plusieurs pages. La plupart sont des poèmes courts. Aucun titre, aucune majuscule (ou presque), aucune ponctuation (à l’exception de quelques points d’interrogation).

L’unique sujet de ce recueil, c’est le récit d’un avortement. Non pas comme un discours engagé, non pas en prétendant détenir la vérité sur ce sujet malheureusement toujours polémique, mais en contant une histoire sur neuf mois, …la mienne.

Il s’agit de ce que j’ai de plus intime, de plus privé. Ce que je livre là, je n’en parlerai pas autrement que dans ce recueil. J’ai hésité à le publier. J’ai craint de m’exposer aux questions intrusives de mon entourage et à des polémiques vaines. Je le crains encore, de même que je redoute que mes quelques vers – qui content une histoire intime, pas une conviction – ne soient mal interprétés par certains, politisés, par les uns et les autres. Aussi, avant même sa parution, je mets en garde.

Ces poèmes-là ne sont pas des poèmes heureux, ce qu’ils racontent est triste. Ils disent une douleur. Ils ne prennent pas parti, parce que ce n’est pas ce que j’ai voulu faire. Si vous souhaitez des informations sur le sujet, je vous invite à vous rendre sur https://ivg.gouv.fr/, ainsi que sur le blog Je vais bien merci et, parce qu’un peu d’humour ne fait pas de mal, à lire My little IVG. Je vous déconseille un certain nombre de sites présentés de manière très officielle et qui sont en grande majorité des sites anti-IVG (il faut fouiller longuement pour le savoir).

Toutefois, j’exprimerai ici et maintenant ma conviction (je ne l’exprimerai qu’une fois, je ne me répéterai pas). L’IVG est un droit fondamental et inaliénable de la femme. Je suis peinée de voir qu’elle est régulièrement remise en cause, le plus souvent par des gens qui ne savent pas de quoi ils parlent. Je déplore de constater que certains le considèrent encore un homicide (dernièrement le président du syndicat des gynécologues).

Au cours de mes très nombreuses recherches sur le sujet, j’ai été épouvantée devant le discours pernicieux et culpabilisant des anti-IVG. J’ai eu la confirmation de ce que je savais déjà : certaines mentalités n’ont pas évolué et le mythe de la maternité triomphale comme seul devenir acceptable de la femme est toujours bien vivace.

Paradoxalement, j’ai constaté que la douleur d’une femme n’est pas écoutée au XXIe siècle. Que les anti-IVG s’en servent comme d’une arme pour démontrer les méfaits de l’avortement. Que le discours officiel se veut rassurant, mais qu’à vouloir être trop rassurant il en devient offensant pour les femmes qui le vivent mal, qui sont alors taxées d’être « fragiles psychologiquement ».

A trop politiser ce sujet-là, on oublie qu’il s’agit avant tout d’histoires privées, intimes. Pas seulement une affaire féminine, les hommes le vivent aussi. Différemment, mais ils le vivent. Et j’ai eu l’impression qu’à trop vouloir se ranger d’un côté ou de l’autre de la barrière, on en oubliait les nuances qui font que chaque avortement est unique, et se vit différemment, plus ou moins bien.

J’ai noté aussi l’indifférence à laquelle on fait face et le silence qui entoure l’acte. Une chose « banale », que la femme est censée vivre bien mais dont elle ne doit pas parler. Cette culture du silence est terrible. Pourtant, une IVG est aussi un deuil périnatal. Il faut faire le deuil d’un avenir que nous avons écarté, mais qui aurait pu exister.

Il y aurait tant à écrire sur ce sujet, mais je ne suis pas là pour faire une thèse. Je ne fais que livrer impudiquement quelques instants de ma vie, à qui voudra bien les lire sans y poser de jugement. C’est égoïste et inconvenant, mais il faut que je publie ce recueil. C’est une nécessité que je ne saurais vous faire comprendre. Ce n’est pas que je le veux, c’est que je le dois. Mais il en est ainsi de tous mes livres… J’ignore ce que vaut ce recueil. Il n’a reçu l’approbation de personne pour exister. Je l’ai écrit le plus honnêtement possible, voilà ce que je peux dire. Bref, rendez-vous le 13 octobre…