Guerres est un recueil de poésie de Laurent Robert, paru aux éditions Le chasseur abstrait en 2017. Toutes les infos ici.
Ma lecture de Guerres
Les Guerres de Laurent Robert, ce sont trois chants de 50 haïkus chacun. L’avantage du haïku, c’est qu’il peut se lire dans le désordre. Mais, une fois n’est pas coutume, j’ai lu Guerres du début à la fin, du 1er au 50e de chaque chant, hypnotisée par ces trois vers qui se succèdent en une infernale musique. Je parle de musique à dessein car, tandis que je lisais, j’entendais une voix réciter les haïkus, et je pense que de tels mots mis sur musique seraient du plus bel effet. J’y ai trouvé un côté Bashung. La poésie, davantage que la prose, est sujette à interprétation. Elle joue sur les sensations et les impressions, sur les sonorités. Aussi mes sensations sur ce recueil sont forcément très subjectives.
Un recueil moderne
Ce qui est indéniable en revanche, c’est l’originalité de ce recueil. Laurent Robert s’approprie le haïku pour lui donner une nouvelle identité, loin de ses origines nippones, et une modernité. De quoi parle-t-on dans Guerres ? De guerres, certes, mais lesquelles ? Celles qu’on mène contre et pour le corps, un corps omniprésent, le corps qui meurt et le corps qui vit, qui souffre et qui jouit, corps d’hommes défaits et corps de femmes adorés. Il y a la guerre, la vraie, qui jette sur le lecteur son souffle mortifère et rappelle les tranchées de 14-18, et il y a la guerre intime. Il y a, forcément, ces paroles de Bashung qui me viennent en parallèle : « Soldat sans joie, déguerpis : l’amour t’a faussé compagnie ». Les guerres se mélangent, l’amor du chant II se mêle à la mort du chant III.
En bref, un très beau recueil de poésie contemporaine, intelligent et rythmé comme les dernières pensées d’un homme sur le champ de bataille, ou d’un homme dans les bras d’une femme, une guerre comme une autre. A découvrir sans attendre !