La beauté, une éducation esthétique est un essai philosophique. Il a été publié par l’essayiste et philosophe biarrot Frédéric Schiffter. Paru aux éditions Autrement en 2012, vous pouvez retrouver son résumé ici.
Introduction à La beauté
J’ai chroniqué des dizaines et des dizaines de livres en deux ans, mais jamais encore un essai philosophique. D’une part, par crainte de ne pas savoir en parler ; j’aime la philosophie mais j’en délaisse ses auteurs, qui trop souvent me donnent l’impression de s’abîmer dans les mots. De mon côté, je n’ai pas à cœur de faire de mes pensées fugaces des convictions distinctes et des termes établis. En somme, ma culture philosophique est lacunaire. D’autre part, parce que je n’avais pas encore rencontré la plume de Frédéric Schiffter.
La beauté : promenade de l’esthétique
Dans La beauté : une éducation esthétique, l’essayiste emmène le lecteur flâner au gré des œuvres d’art sur fond de côte basque. L’invite à se laisser aller aux différentes formes de l’ennui et de la mélancolie. Il ne s’agit pas d’une pensée narcissique destinée à dévoiler au monde les artistes qu’il faudrait absolument connaître. Aucune tendance moralisatrice dans cet essai, qui tend à la rêverie (et non à la rêvasserie) sur le beau, la sensibilité, et les œuvres qui ont intimement marqué l’auteur. Frédéric Schiffter n’impose pas, il propose. Mieux, il instruit. Le tout avec une écriture élégante et une certaine désinvolture.
L’auteur opère une mise à distance avec le monde qui l’entoure, auquel il appartient sans y appartenir. La distance est également nette avec son époque, qu’il observe et dont la culture cacophonique le désole. L’auteur a une manière d’être à côté des choses qui lui permet d’acérer son observation desdites choses.
La femme, création et non individu ?
Toutefois, je n’ai pu que hausser le sourcil sur le premier chapitre, consacré à la femme et qui met en opposition la beauté et la joliesse féminine. Rien de misogyne dans ce qui est dit et un regard d’ailleurs plutôt juste. Mais quelque chose, un je-ne-sais-quoi, qui n’a eu de cesse de m’interroger après ma lecture. C’est un sentiment vague que je crains de mal exprimer. La femme n’apparaît que soumise au regard masculin. Un regard bienveillant, certes, mais qui la rend objet. Ce que l’auteur s’attache à observer en premier lieu dans une femme, c’est son apparence. Et celle-ci s’en trouve mise au même plan qu’une œuvre d’art dans l’éducation esthétique de Frédéric Schiffter, création et non individu.
Quant à celle qui n’a pas eu la fortune de naître avec un visage équilibré, une certaine élégance, une bonne maîtrise de son corps, qu’est-elle aux yeux de l’essayiste biarrot ? Elle n’est pas même évoquée, elle n’existe tout simplement pas. Aussi la femme doit-elle être à la hauteur du regard masculin, étant à la fois la toile et le pinceau, pour que soient reconnues ses qualités intellectuelles, quand l’homme a tout loisir d’être laid sans que cela préjuge de ses facultés. Cette interrogation de ma part ne doit cependant pas vous empêcher de découvrir la plume de Frédéric Schiffter, que je vous recommande sans aucun doute.