Le chat du jeu de quilles est une trilogie policière de Florence Clerfeuille. Publiée en 2017, vous pouvez retrouver l’intégrale ici.
Le chat du jeu de quilles : ma lecture
Le chat du jeu de quilles est incontestablement un bon policier, que je recommanderai à tous les amateurs du genre (et même aux non-amateurs). La base de départ est classique : deux journalistes, l’une dynamique, l’autre croisé d’ours, qui décident de mener l’enquête sur une affaire non résolue. Disons que c’est une base plutôt conventionnelle pour un roman policier, mais qui a fait ses preuves. Les personnages n’en sont pas moins attachants et l’histoire palpitante.
Le début du roman est à mon sens un peu expéditif. Comme si l’auteur avait voulu se débarrasser de cette partie le plus vite possible. Le lecteur est très vite propulsé en Aveyron. Une fois le cadre et l’intrigue posés, le rythme ralentit pour laisser place à une écriture fluide, savoureuse, qui laisse le temps au lecteur de s’immerger dans l’atmosphère du village. Tant et si bien qu’on a l’impression par moments que le journaliste, Marc, est installé au village depuis longtemps, des années, avant que l’auteur vienne préciser que cela ne fait que quelques semaines.
Le rythme est parfait : tranquille (sans être lent) au village, plus rapide sur les quelques passages en ville. Jusqu’à ce que le personnage principal ne soit plus du tout dans le tempo urbain. Un passage que j’ai beaucoup aimé, quand Marc discute avec un sans-abri à Paris sur la nécessité du mouvement en ville et la peur de disparaître si on s’arrête. Très juste, très bien vu.
Des personnages en demi-teinte
L’intrigue de cette trilogie policière en elle-même est parfaitement construite, bien ficelée, le lecteur est progressivement happé par le livre et la frustration à la fin du premier tome est à son comble. On veut connaître la suite ! Quant aux Aveyronnais, il est évident que l’auteur connaît bien l’atmosphère d’un village. La sensation d’être toujours épié par des regards invisibles, cachés derrière le rideau d’une fenêtre. Le fait que tout se sait très vite, se déforme, s’amplifie, l’attachement viscéral des habitants à leurs terres, les histoires de famille et les haines ancestrales. Pour avoir quasiment toujours vécu à la campagne, c’est exactement cela. L’ambiance est bien reproduite. Encore que les villages à ce point « à l’ancienne » se font de plus en plus rares aujourd’hui (urbanisation oblige).
Les personnages apparaissent en demi-teinte, jamais complètement exploités, juste ce qu’il faut pour mettre le doute au lecteur. Sous une surface socialement stéréotypée (le gérant du bar, le simplet, l’agriculteur bourru mais brave homme, le petit voyou), chacun a, semble-t-il, des secrets enfouis, des histoires tues, des silences. En somme des singularités qui les rendent plus complexes que ce que leur positionnement au sein du village laissait supposer.
Quille de huit et chat mystérieux
Le chat est au cœur de ce jeu de quille mystérieux. Au passage, belle découverte que la quille de huit que je ne connaissais pas. En revanche, par ici, on connaît la quille de neuf. Le chat cristallise les tensions sous-jacentes, les craintes et les secrets de tout un village, les superstitions aussi. Il semble être le témoin de tout, qui sait tout, et se révèle tout à la fois un allié précieux et un témoin frustrant. Il est certain que le chat est un élément capital dans la résolution de l’énigme. Tout comme le vent d’Autun, le vent qui rend fou (magnifiquement décrit d’ailleurs). Ne comptez pas sur moi pour vous en dire plus ! Il faudra lire le chat du jeu de quilles. D’ailleurs, je vous laisse, le tome 2 m’appelle !