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Fidèle au poste, Amélie Antoine (chronique)

Voici une perle de l’autoédition reprise par l’édition traditionnelle. Fidèle au poste est un thriller d’Amélie Antoine qui a essuyé bien des refus de maisons d’édition. Autoédité, il a rencontré un fier succès. Michel Lafon l’a ensuite repris, suivi du Livre de poche en 2017. Découvrez-le ici !

Amélie Antoine nous livre un thriller efficace et original. Celui-ci commence d’une étrange manière pour un roman de ce genre : une femme qui, on le devine, vient de mourir, parle de la peine que va ressentir son mari quand il l’apprendra. Une touche mi-fantastique mi-romantique s’ajoute au récit. Quant au mari, il souffre, il pleure, il ne parvient pas à faire son deuil, avant de rencontrer Emma, grâce à qui il peut espérer, peut-être, un nouveau départ. La narration à trois voix adopte tantôt le point de vue de Chloé, tantôt celui de Gabriel, tantôt celui d’Emma. Un triangle amoureux s’installe, qui met en rivalité dans l’esprit du veuf une morte et une vivante, un passé auquel il se raccroche et un avenir qui se dessine.

A ce stade de la lecture, Fidèle au poste commence à sentir le roussi du conte de fées contemporain. On déchante, on s’ennuie un peu peut-être, on entrevoit déjà le happy end : les deux protagonistes surmontent ensemble de nombreux obstacles, Gabriel parvient finalement à faire son deuil et épouse Emma, sous le regard bienveillant de son épouse décédée devenue fantôme qui ainsi va pouvoir reposer en paix.

Fort heureusement, cette impression ne dure pas : ce n’est qu’un leurre. L’auteur s’amuse avec les codes, avec les genres, joue avec le lecteur. Le happy end, pas franchement happy, ne sera pas celui auquel on s’attend. La vérité est ailleurs, la vérité est bien plus âpre. Le fantôme de l’épouse est-il si bienveillant ? Est-il seulement fantôme ? Les masques tombent sur des personnages qui n’ont plus rien de romanesque, avec dans la plume de l’auteur une sorte d’irrévérence charmante, un cynisme inattendu, une ironie déstabilisante. Décidément, Amélie Antoine n’a de pitié ni pour ses personnages, ni pour ses lecteurs. Et on en redemande !

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