En ce 2 décembre 2018, je reviens sur mon parcours d’auteur en autoédition pour en faire le bilan. C’est un peu long, j’espère que vous aurez le courage de le lire jusqu’au bout. Le 2 décembre est pour moi une date importante. Symboliquement, elle marque le début de mon « envol » personnel et professionnel. Il eût été malaisé de résumer cet envol en quelques lignes…
3 ans plus tôt
Il y a trois ans, je n’étais pas auteur. Vous ne me connaissiez pas. J’écrivais depuis mon enfance dans des carnets qui s’empilaient chez moi, sans que je songe à en faire quoi que ce soit. Je n’avais pas l’intention d’être lue, mes écrits n’existaient que par la nécessité de laisser déborder sur le papier un trop-plein de silence, tandis qu’aux yeux du monde je me faisais la plus discrète possible. « Pour vivre heureux, vivons caché ». Je vivais en caméléon, c’est dans ma nature, et je taisais qui j’étais, c’est dans mon éducation.
Pour les autres, j’étais assistante administrative. Je travaillais dans des écoles, un contrat précaire et mal payé. Je passais mes journées à faire des photocopies, massicoter des bulletins d’information, ranger la bibliothèque, inventorier la réserve. J’étais efficace, cela me laissait du temps pour rêver. Et pour m’ennuyer. L’ennui m’a toujours accompagnée, même encore aujourd’hui, je m’ennuie avec une terrible facilité, et l’ennui me désespère.
J’envisageais de me mettre à mon compte…
…comme écrivain public, mais rien n’était encore fait. Malgré mes diplômes en histoire moderne, je savais n’avoir aucun avenir. Des études d’histoire ne débouchent pas sur grand-chose, si ce n’est enseignant, et j’avais renoncé à cette voie deux ans auparavant. De plus, j’étais socialement inapte : je ne me liais à personne, mal à l’aise avec mes collègues, mes amis et jusqu’à ma propre famille.
Ma vie personnelle était plus réussie : mariée, heureuse en ménage, propriétaire. Je m’étais rangée, en somme. Aux yeux de mes proches, c’était déjà un exploit, eux qui quelques années plus tôt n’auraient jamais parié sur moi. Le temps passant, j’apprenais à me taire. Et puis, il y eut un déclic : des retrouvailles mal agencées, le 2 décembre 2015. De là, les phrases que je griffonnais depuis toujours dans mes carnets prirent en densité.
2 ans plus tôt
Il y a deux ans, je publiai un premier roman, Trop Peu, le 2 décembre 2016. Il y a seulement deux ans, il y a déjà deux ans. Entre temps, j’étais devenue écrivain public, j’avais cessé mes activités de photocopieuse/massicot. Je pénétrai à pas mesurés dans le petit monde de l’autoédition, je ne connaissais personne, ne savais pas me mettre en avant, ne comprenais rien aux réseaux sociaux. J’appris, seule et en observant mes collègues plus expérimentés.
Une table ronde organisée par Books on Demand me mit le pied à l’étrier, la rencontre avec d’autres auteurs – dont, les premières, Lily B. Francis, Sacha Stellie et Pauline Ségalat – m’apporta un peu de confiance. Les débuts furent timides, j’étais quelque peu complexée par le caractère court de mon roman, mais très vite il m’apparut évident que j’avais trouvé ma voie et qu’elle se nommait littérature.
En deux ans d’autoédition : mon bilan
Deux ans ont passé depuis. Je n’ai pas perdu mon temps, trop impatiente comme me le dit souvent G!, mon mari. J’ai autoédité deux romans, un recueil de nouvelles, deux recueils de poésie. Je me suis familiarisée avec mon siècle, ses méthodes de communication, ses influenceurs, ses réseaux. L’autoédition recelant des trésors littéraires inestimables, j’ai découvert des livres passionnants et des auteurs admirables.
J’ai fondé avec Erika Boyer, consœur et amie, l’association Les Plumes Indépendantes, dont je vous rabats les oreilles depuis un an, un projet qui me trottait en tête depuis mes débuts et qui attendait la bonne rencontre pour naître. Dans cette dynamique, j’ai participé à des marchés, salons, interventions. Il m’a fallu me mettre en avant, moi qui suis piètre vendeuse ; et user d’un micro à l’occasion, moi qui déteste ma voix. Autant de défis à relever, et je ne regrette pas d’avoir lutté contre la partie de moi qui aurait voulu se terrer très loin de tout.
Bilan de cette année d’autoédition
Bilan : l’année 2018 fut riche professionnellement et compliquée personnellement. Deux livres publiés, un recueil de nouvelles collectif, le lancement de la Feather Box, l’organisation du 1er Salon des Plumes Indépendantes.
Mais aussi la perte de Micha, la dépression, les problèmes de santé de plusieurs personnes de mes plus proches entours, la terreur sourde de la maladie, des retrouvailles mieux agencées que celles qui furent à l’origine de Trop Peu, la remise en question de tout et la tentation, de plus en plus prégnante de disparaître un beau jour sans laisser d’adresse, de partir sans bagage et sans avenir, en plantant tout le monde, en me plantant moi-même.
Et après ?
Je n’ai pas l’intention sérieuse de disparaître, à moins d’avoir épuisé toutes mes forces. Ces deux années passées à écrire m’ont plus apporté que toutes celles qui les ont précédées. Je fais la seule chose que je suis capable de faire. J’ai noué des liens, certains très étroits, avec d’autres auteurs que j’estime. Avec des lecteurs aussi. Et des éditeurs, des influenceurs, des artistes. Chacun m’apporte une étincelle particulière née de sa singularité. Je me sens moins seule sur le chemin que j’ai choisi d’arpenter, même si ce chemin est par trop souvent escarpé.
Vous me verrez traîner mes guêtres et mes écrits encore longtemps. Pendulum, recueil de poésie dont je vous ai déjà parlé, paraîtra dans sa version collector au printemps 2019. Il me donne l’occasion de développer un autre univers, plus graphique. Pendant ce temps, d’autres projets d’écriture sont en cours : deux romans, une parenthèse, quelques nouvelles et d’innombrables poèmes. Quant aux Plumes Indépendantes, elles occupent une part non négligeable de mon temps et c’est très bien ainsi.
Désolée, amis lecteurs, l’introspection fut longue, ce bilan d’autoédition un poil ennuyeux peut-être pour vous qui ne vous souciez guère, à raison, de mes états d’âme, mais j’avais envie de le partager avec vous !
Deux ans déjà que Trop peu est sorti, je n’en reviens pas ! Tu as une plume magnifique et un esprit hors du commun, quelle chance nous avons que tu ais pris cette voie (ou voix?) C’est un superbe chemin que tu as fait, en tant qu’auteur et créatrice des Plumes indépendantes, je vous admire Erika et toi d’avoir mis sur pied une tel projet qui doit demander beaucoup d’énergie, mais que vous portez avec beaucoup de professionnalisme ! Je te souhaite un bel avenir d’auteur ! Je t’embrasse fort !!
Eh oui, déjà deux ans ! Et autant qu’on se connaît 😉
Merci beaucoup pour tes encouragements, tu sais que tu es la bienvenue si un jour tu as envie de partager cette aventure plumesque avec nous ! Je t’embrasse
Bravo Loli, chouette bilan, chouette parcours.. qui n’en est qu’à ses débuts… belle plume vole au vent du souvenir et de l’aventure….
Merci beaucoup Brigitte ! Je pourrais en dire de même pour toi concernant la plume 🙂
étonnant bilan, riche et annonceur de futures belles aventures 🙂
Merci 🙂