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Liberté : le confinement t’a muselée

Liberté, mon amie, je ne suis plus la seule à dire ton nom. Articles et messages se multiplient qui parlent de toi. Il y a encore un peu d’espoir. Le remède du confinement s’avère pire que le mal pour les populations, et cela va se ressentir de plus en plus.

Le confinement n’éradiquera pas le virus, tous les scientifiques le disent. Si nous sommes confinés, c’est officiellement pour « aplatir la courbe », étaler le pic (qui depuis s’est changé en « haut plateau »), éviter la saturation des hôpitaux pour que les malades soient mieux pris en charge (par un personnel soignant épuisé qui fait ce qu’il peut avec très peu de moyens et ne dispose d’aucun traitement contre ce virus). Autrement dit, l’idée n’est pas d’éradiquer le virus mais d’en étaler les victimes sur le long terme. Jusqu’à ce que l’immunité de groupe soit atteinte (impossible dans l’immédiat puisque nous sommes confinés et donc peu en contact avec le virus) ou qu’un vaccin soit trouvé (d’ici un an ou deux).

Il y aura encore des milliers et des milliers de morts. Parce que le gouvernement a réagi tardivement, ne dépistant au début que ceux qui revenaient d’une « zone à risque » s’ils avaient des symptômes. En bref, si vous êtes confinés, ce n’est pas à cause de quelques joggeurs ou des promeneurs de chien, chat, boa, poule (au passage, j’admire l’imagination de certains) mais parce que l’Etat punit sa population de ses propres inconséquences.

Non, la fin ne justifie pas toujours les moyens. C’est la première fois qu’on enferme autant d’êtres humains dans le monde. Pourtant, les épidémies ont jalonné l’Histoire : peste, choléra, grippe espagnole, et tant d’autres. Il y a eu durant ces épidémies (notamment celle de choléra en 1832) des confinements, des mises en quarantaine. Mais jamais à si grande échelle. Ne me dites pas que c’est un progrès. On ne peut pas dire qu’enfermer la majorité de l’humanité est un progrès. Cette « solution » porte-t-elle ses fruits ? On nous dit que oui, mais on verra dans quelques mois, quelques années si le discours est le même. Il est déjà en train de changer. Ce qui est certain, c’est que le confinement fait et fera des dizaines de milliers de morts.

Le confinement est en train de détruire l’économie réelle. Faillites, chômage massif, misère accrue. Il permet, sous couvert de relance économique, d’abolir tous les droits sociaux. Adieu les 35h, les cinq semaines de congés payés, le repos dominical. Voilà comment le gouvernement remercie ceux qui font tourner le pays. Il permet, sous couvert de sécurité sanitaire et au prétexte de quelques prétendus irresponsables fort peu nombreux, de faire accepter des mesures liberticides : couvre-feu, surveillance par des drones et des hélicoptères, fermeture des parcs et des plages, contrôles renforcés, déploiement de l’armée… Il autorise toutes les fantaisies : que dire de ce préfet qui, avant de se rétracter, avait interdit la vente d’alcool ? de cette commune qui interdisait aux habitants d’être à plus de 10 mètres de leur domicile ? de ce département qui avait réquisitionné des chasseurs pour faire respecter le confinement ? et de certaines verbalisations excessives par les forces de l’ordre ?

Le confinement a créé un climat de peur extrême et de méfiance de l’autre. Nous vivons dans la terreur d’une menace d’autant plus grande à nos yeux qu’elle est invisible. Nous avons peur de tout le monde : notre voisin, nos parents, nos enfants, nos amis. La peur engendre la haine : des soignants se font virer sans ménagement de leur domicile ; homosexuels, maghrébins et juifs sont accusés de répandre le virus comme en d’autres temps on les accusait de semer la peste.

Le confinement a engendré une fracture sociale gigantesque. Pauvres contre riches, vieux contre jeunes, travailleurs contre télétravailleurs, etc. Le confinement a ramené la population à la vieille tradition de la délation, écœurante, malodorante. On s’épie, on se surveille, on s’insulte, on se dénonce. On hait les joggeurs et les promeneurs, on se fait plus royalistes que le roi. Ce n’est pas fini. Le confinement engendre, et cela va aller grandissant, un nombre accru de suicides et de dépressions, car il n’est psychiquement pas supportable sur la durée. Davantage de violences domestiques, aussi. Vous vous croyez à l’abri ? Personne ne l’est. Le risque de craquer complètement est présent en nous tous.

Le confinement entraîne des problèmes de santé. Graves, parfois. Les hôpitaux sont bien moins sollicités pour les AVC, infarctus, etc. Mais cela ne signifie pas que ceux-ci ont disparu, seulement que les gens ont peur d’aller à l’hôpital ou ne sont pas bien pris en charge… et meurent chez eux, dans l’indifférence la plus totale. Combien y aura-t-il de victimes collatérales ? Le remède est pire que le mal. Le confinement est de moins en moins sanitaire et de plus en plus politique. Les services de renseignements craignent un « embrasement » post-confinement.

Liberté, je ne suis plus seule à dire ton nom. D’autres le murmurent, et le murmure enflera jusqu’à devenir un cri général.

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